La légende mystérieuse de Qixi qui montre combien ces beaux oiseaux sont aimés et vénérés en Chine
Il y a fort longtemps, une légende chinoise très ancienne, voire millénaire, racontait l’histoire d’amour entre un jeune bouvier et une fée. Il s’appelait Niúláng (牛郎, le bouvier ou l’étoile Altaïr). Il perdit ses parents lors de son enfance et fut chassé de la maison par sa belle-sœur. C’était un jeune homme honnête et curieux, un brin naïf et sauvage. Il s’installa seul et cultivait laborieusement la terre. Il vivait avec un vieux bœuf, qui l’aidait à son travail. Un jour, celui-ci lui dit : « Si tu réussis à t’emparer des vêtements d’une fée, cette fée deviendra ta femme. » A ces mots, Niúláng rêvait de ce moment où il pourrait en rencontrer une. Il regardait le ciel étoilé, il contemplait attentivement une étoile plus brillante que les autres dans la constellation du Lyre.
Lors d’un long voyage, il traversait les montagnes bordées de rivières et de forêts denses. C’est alors qu’il croisa sur son chemin sept sœurs fées se baignant dans un lac. C’était en fait dans la Voie Lactée. Il se cacha dans les herbes. Encouragé par son compagnon taquin le bœuf, il déroba leurs vêtements et attendit de voir ce qui se passa. Les sœurs fées choisirent la plus jeune et la plus belle d’entre elles Zhīnǚ (織女, la tisserande ou l’étoile Véga) pour récupérer leurs vêtements. Puis, ces dernières s’enfuirent, la laissant seule. Niúláng la vit alors toute nue, elle fut surprise et gênée et ne put s’empêcher de rougir. La voyant dans toute sa splendeur, illuminée par une nuit étoilé, il lui demanda en mariage mais, elle s’éclipsa avec les vêtements à la main sans avoir répondu, et disparut comme par enchantement.
A son retour dans les Cieux, elle ne pensait qu’à ce jeune bouvier, de jour comme de nuit. Son regard se portait sur leur monde et sa curiosité se penchait sur cet homme. Son cœur battait à l’idée de le revoir. Elle devint amoureuse de lui. Alors un autre soir, elle décida de redescendre et de revenir furtivement dans le monde des humains pour le retrouver et pour devenir sa femme. Elle choisit la vie auprès des hommes.
Elle s’avérait une épouse merveilleuse, et Niúláng un bon mari. Ils vécurent des moments heureux ensemble. Dès lors, son mari continuait à travailler aux champs et Zhīnǚ se mit à tisser des toiles à la maison. Les années passèrent. Son ami le bœuf se faisait bien vieux et avant de mourir, il leur dit de conserver sa peau, qui pourrait leur être utile. Le couple, bien que triste, fit ce que l’animal avait proposé. Plus tard, ils eurent un fils et une fille, Alshain et Tarazed. Ils menaient une vie des plus calmes et des plus heureuses. Jusqu’au jour où cette situation fut découverte par l’empereur céleste. Furieux de découvrir qu’un simple mortel avait épousé une des jeunes fées, ce dernier renvoya immédiatement l’impératrice Wang au monde des humains pour ramener la Tisserande au Ciel.
Quand sa femme fut emmenée, le bouvier voulut courir après elle. Avec l’aide de son bœuf sacré, il mit sa peau sur ses épaules, y plaça une palanche avec ses deux enfants dans deux paniers. Il voyait sa femme partir au loin. Quand il s’approcha d’elle, l’impératrice Wang traça avec son épingle à cheveux une ligne devant lui, qui devint une rivière céleste, formant ainsi la Voie lactée séparant les étoiles Altaïr et Véga. Le bouvier et sa femme furent séparés à tout jamais.
Zhīnǚ dut rester éternellement de son côté de la rivière, travaillant tristement sur son métier à tisser, alors que Niúláng la regardait de loin et prenait soin de leurs deux enfants (les deux étoiles voisines Beta Aquilae dit Alshain et Gamma Aquilae dit Tarazad).
« Rencontre des étoiles »
Désespérés, ils pleurèrent douloureusement leur solitude. Ils ne pouvaient rien faire que de se regarder d’une rive à l’autre. La sincérité de leur amour émut le Phénix qui appela à l’aide toutes les pies de la Terre. Alors des milliers et des milliers de pies volèrent vers le ciel et se rassemblèrent sur la rivière afin de former un pont (Que Qiao 鵲橋) au-dessus de l’étoile Deneb dans la constellation du Cygne. Le bouvier et la Tisserande purent enfin se retrouver. Touchée de cette scène elle aussi, l’impératrice Wang autorisa les deux amants à avoir un rendez-vous sur le pont de pies pour une unique nuit, la 7e nuit du 7e mois lunaire de chaque année (la nuit de qǐqiǎo jié ou Qixi). Cette nuit-là, si l’on écoute bien, caché sous une pergola, on peut entendre les murmures du Bouvier et de la Tisserande, tandis que des milliers de plumes de pies tombent sur la terre. Et s’il pleut, ce sont les larmes versées par les époux.
Voilà donc l’histoire de la rencontre des étoiles du Bouvier et de la Tisserande (Vega) sur le pont des pies du fleuve céleste (la Voie lactée). C’est un moment de l’année dédié à l’amour, un peu comme la Saint-Valentin. Cette nuit-là, les gens restent dehors à contempler le ciel étoilé, agitant un éventail pour se rafraichir. Mais seulement quelques privilégiés peuvent apercevoir, blanche et vaporeuse de lumière éblouissante, la Tisserande qui traverse le fleuve. Si ces privilégiés s’agenouillent et prient pour obtenir la richesse ou pour avoir un garçon, ils verront leur désir se réaliser dans les trois ans.
On dit aussi que quand la Tisserande traverse le fleuve, les portes du ciel demeurent ouvertes ; si quelqu’un lance une pierre vers le ciel, elle retombera sur terre changée en or.
Cette fête remonte à la dynastie des Han (206 av. J.-C.-220). Des documents de la dynastie des Jin de l’Est (317-420) en ont fait mention. Dans des documents de la dynastie des Tang (618-907), on a inscrit la scène où l’empereur Taizong et ses impératrices et concubines dînaient ensemble dans le palais impérial le soir du 7 du 7e mois lunaire. Sous les dynasties des Song (960-1279) et des Yuan (1206-1368), il y avait dans la capitale un marché spécial pour la Soirée du 7 de la 7e lune. A l’approche de la fête, le marché était très animé. C’était une des fêtes favorites des Chinois durant les temps anciens.